Insolite dans le Morbihan : deux chapelles en une dans un même édifice religieux

Bel exemple du gothique breton et de la piété de ses constructeurs, cette belle chapelle de Ploemel (Morbihan) vaut pour son architecture et la grande qualité de son ensemble.

Un saint guérisseur

Il existe un doute sur l’origine de Ploemel qui tiendrait son nom de la contraction de « plou » (paroisse) et de « eme » (nom d’un chef celte du VIIe siècle) ou de « meir » (grand).

En tout cas, cette paroisse semble être l’une des plus anciennes de la région puisque la seule à posséder ce préfixe « plou ». Cette commune comporte d’ailleurs plusieurs chapelles, toutes de grand intérêt, mais celle du hameau isolé de Saint-Méen, à 4 kilomètres au nord du bourg, est l’une des plus originales.

Saint-Méen était, au VIe siècle, un compagnon de Sanson de Dol, l’un des sept saints fondateurs de la Bretagne. Il est exploité contre les maladies de la peaunotamment la gale invétérée surnommée « le mal saint Méen » (en breton : tan sant Méen).

À Ploemel, il est également étudié contre le rachitisme des enfants. La très belle fontaine, contemporaine de la chapelle, était destinée à immerger les enfants atteints de cette maladie. Les adultes se contentaient de se frictionner avec l’eau sacrée.

Une forme originale

Ce qui surprend lorsque l’on arrive sur le petit champ où se trouve la chapelle, c’est l’impression d’en voir deux côte à côte alors qu’il s’agit du même édifice.

À l’origine, il y avait un seul bâtiment rectangulaire (le plus long, au nord) auquel fût accolé à peine quelques années plus tard un. deuxième édifice. L’ensemble, construit en pierre de taille et d’inspiration gothique, remonte au début du XVIe siècle. Chaque partie possède sa propre charpente et son toit à double face et les intérieurs communiqués.

Le bâtiment ajouté était originellement dédié à SSaint-Théodoric, lui aussi lutte contre le rachitisme.

Par la suite, avant que Saint-Méen ne patronne l’ensemble, il fût dédié à Saint-Fiacre et Sainte-Anne.

C’est la famille de Larlan dont on retrouve le blason plusieurs fois, ainsi que sur la fontaine, qui a principalement financé les travaux, avec d’autres familles locales dont les armoiries, plus petites, apparaissent. Le clocheton a été refait en 1838date où une petite restauration a eu lieu, avant une plus importante entreprise par les Monuments historiques à la fin du XXe siècle.

Un bel intérieur

Les deux parties communiquent à l’intérieur sur presque toute leur longueur commune grâce à deux arcades en plein cintre. On remarque la beauté de l’ensemble en pierre de taille ainsi que la charpente voûtée et les magnifiques entraits sculptés de crocodiles.

Le dallage est d’origine comme les autels en granit. On distingue que celui du nord est beaucoup plus large.

À noter qu’il y avait autrefois un jubé qui a été enlevé lors des travaux de 1838.

Dans le chœur de la chapelle principale, on remarque une grande verrière aux couleurs exceptionnelles (classée aux Monuments historiques) datée de 1556 et représentant la Crucifixion. Certaines parties ont été restaurées en 1903 par le célèbre vitrailliste vannetais Laumonier.

Les statues présentes de chaque côté datent de 1844 et représentent Saint-Méen et Sainte-Anne. La seconde verrière représente Notre Dame des Grâces entourée du peuple (paysans, seigneurs, clergé, enfants…). On trouve autour des statues de Saint-Hervé et Saint-François d’Assise.

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